Je me suis toujours demandé si j’étais normal! À entendre parler les gens, des fois, j’ai tendance à penser le contraire parce que je ne bois plus, parce que j’ai le diabète, parce que je n’ai pas de maison, pas de gros salaire, parce que je suis obligé de marcher à tous les soirs pour faire descendre mon taux de sucre, etc. Au début de ma réflexion, ce qui m’est venu à l’idée, ce sont les traditions et les valeurs auxquelles mon père croyait et qu’il m’a transmises comme : «si tu ne fais pas ceci, si tu n’as pas cela, si tu ne te comportes pas comme ça, tu n’es pas normal.»
Avoir, pour moi, une dépendance à l’alcool relève plus des choix que j’ai faits et des habitudes que j’ai prises à un moment donné plutôt que d’être anormal. Mes choix et mes habitudes antérieurs se sont transformés petit à petit en maladie ou en dépendance. Le diabète aussi, pour moi, est probablement le résultat de tout ce que j’ai pu faire ou accumuler jusqu’ici : il ne faudrait pas que je me surprenne. De plus, il faut que je regarde aussi le bagage que m’a laissé le côté héréditaire de mon père et de ma mère.
Avec les années, je crois que j’avais oublié ce que c’était vraiment être normal. Depuis que j’ai mis de l’ordre dans ma vie, je m’aperçois qu’être normal, c’est d’avoir une stabilité, peu importe ce que le reste du monde dit, car je vois la différence. Bien sûr, je dois expliquer à mon entourage les raisons de ce retour à la base, car tout avoir, est-ce que c’est vraiment essentiel ou normal?
La publicité vous dit que si vous n’avez pas tout, vous n’êtes pas normal, si vous ne faites pas comme tout le monde, vous n’êtes pas normal. Moi, je suis aussi normal, car je me fixe une heure pour me lever et me coucher, pas nécessairement comme vous, mais j’ai choisi d’écouter mon horloge biologique; de cette manière, je me couche vers 20h30 et je me lève à 4h, cela me fait quand même 8h de sommeil. La seule différence, c’est que cela me permet de dormir mieux au lieu de me battre contre le sommeil pour ne pas m’endormir le soir devant la télé et de compter les moutons pour
m’endormir sous prétexte de rester à côté de mon épouse, sans lui parler, juste être présent. Pour moi, non, il est plus nécessaire de récupérer un sommeil réparateur que de faire la statue dans le salon. Après tout, qui a dit que le sommeil avant minuit était mieux qu’après?
La fin de semaine, si je suis fatigué et que j’en ressens le besoin, je fais une sieste dans l’après-midi et je recommence à faire ce que j’avais entrepris si cela me tente. J’ai appris à écouter mon corps. Au bout du compte, j’ai réalisé qu’en étant plus attentif à celui-ci et à mon état d’esprit, je faisais tout ce que je voulais faire pendant une journée mais d’une manière autre.
Apprendre à faire les choses autrement, cela permet d’enlever beaucoup de stress, d’aller à son rythme, de moins tourner en rond et d’être plus efficace. Cet apprentissage me donne la possibilité de prendre le temps nécessaire pour repositionner ma vie, car le matin est un temps privilégié pour regarder où je m’en vais, penser de quelle manière je vais m’y prendre pour régler certains défis que la vie a mis sur mon chemin, prendre du temps pour moi, faire ce que je veux sans avoir à justifier où je vais, ce que je fais, car tout le monde dort. L’été, c’est de sortir m’occuper de mes plantes, écouter les oiseaux chanter, m’apercevoir que je ne suis pas tout seul en voyant les ratons qui viennent me dire bonjour et les autres espèces qui passent sur mon terrain. Parfois, j’ai le sentiment qu’ils me regardent et se posent même des questions, « Ce n’est pas normal, qu’est-ce que l’humain fait debout à cette heure-là?» Non, pas moi, je prends contact, dans ma cour, avec la nature en prenant un bon café.
Le fait de ne pas avoir une grosse maison, deux ou trois autos dans la cour, un plus gros salaire que le reste des gens, avoir des défis de santé, ne pas suivre le même horaire que tout le monde, est-ce que cela fait de moi une personne anormale? Non! Cela me dit que parfois nous avons tendance à oublier les vraies valeurs et certaines traditions. Le fait de retrouver un équilibre, d’apprendre à nous contenter de ce que nous avons plutôt que de tout vouloir, ce que, souvent, nous ne pouvons pas arriver à avoir.
Quand j’étais petit, je recevais une paire de mitaines ou de pantoufles pour Noël et j’étais très content. Aujourd’hui, regardez ce que ça prend pour être heureux, le prix que nous devons payer pour rendre les gens heureux ou nous rendre heureux. On ne se contente plus de ce que l’on a. Est-ce normal ?
Moi, depuis plusieurs années, j’ai décidé de revenir à la réalité : un horaire fait pour moi, selon mes besoins, une meilleure alimentation, du travail, bien sûr, des moments de détente, des passe-temps pour me changer les idées et me relaxer, prendre du temps pour connaître et parler aux personnes qui m ‘entourent. Comment puis-je aimer, comprendre et connaître, m’amuser, rire, aider, selon mes moyens, et apprécier les personnes si je ne prends pas le temps d’être à l’écoute des besoins de ma femme et de mes enfants afin qu’ils soient, et moi, aussi heureux de vivre ensemble? Il devient aussi essentiel de faire de l’activité physique pour maintenir ma condition, oxygéner mon esprit de manière à être plus positif, tout cela en harmonie dans ma vie. N’est-ce pas une manière d’être normal pour moi? Je pense que OUI! Si je regarde ce que mon épouse et mes enfants me disent, ils trouvent que je suis plus ouvert et plus de bonne humeur, donc plus plaisant à vivre depuis que je suis redevenu normal et ils trouvent cela plus sain.
Et vous…?
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